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23/07/2015 18:40

Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre

Voici mon article paru dans la rubrique "innovations" du n°74 d'avril 2015 de Caractères (jounal associatif de Sciences Po Toulouse) :

Encore primé le mois dernier [mars 2015], ce petit bijou de d’Ubisoft Montpellier est un incontournable. Disponible sur PC, PS3, PS4, Xbox 360, Xbox One, Android et iOS, il réussit à être à la fois ludique et pédagogique !

Une famille déchirée

Plusieurs personnages sont jouables en fonction des chapitres.

Il y a tout d’abord Emile, né en 1867, originaire des Vosges. Veuf, vit dans sa ferme avec sa fille, Marie. Le 13 août 1914, il est mobilisé sur le front Ouest où il est fait prisonnier et devient cuisinier pour les allemands.

Marie est la compagne de Karl, avec qui elle a un enfant. Mais Karl est allemand, et est mobilisé au front, face à Emile, son beau-père. Il est fait prisonnier, et arrivera à s’échapper en parcourant des centaines de kilomètres, à pieds, en plein hiver, pour essayer de retrouver sa femme…

Lorsque le régiment dans lequel Emile est contraint de travailler est attaqué, il fait la connaissance de Freddie, né en 1882 en Louisiane et engagé dans la légion étrangère. Ils vont faire un bout de chemin ensemble, et se retrouver en très mauvaise posture.

Heureusement pour eux, ils sont sauvés par Anna, une infirmière belge qui suivait des études de médecine à Paris. Depuis la bataille de la Marne, elle a quitté Paris et aide autant qu’elle le peut les soldats du front les plus mal en point. Elle adopte Walt, un chien d’origine allemande, formé pour rechercher les victimes sur les champs de bataille.

Un beau jeu

            Très loin du réalisme qu’on peut connaître avec les traditionnels jeux de guerre, Soldats Inconnus est un jeu en 2D dans un style plutôt « bande dessinée », utilisant l’UbiArt Framework, le moteur utilisé dans Rayman Legends et Child of Light.

            L’ambiance est également travaillée, notamment via le contenu audio : les cris des bataillons, les hurlements d’effroi des personnages, et la musique d’ambiance arrivent à créer une atmosphère particulière chez les joueurs. Regardez ne serait-ce que le trailer « destins croisés » sur internet, et vous comprendrez.

Le gameplay, quant à lui, allie les scènes d’action (ou du moins de rapidité), aux scènes de réflexion, avec des degrés de difficulté différents, ce qui peut peut-être irriter les plus jeunes et ravir les plus âgés.

Un scénario émouvant

            Ne serait-ce que par la présence d’une famille franco-allemande, le jeu ne part absolument pas dans un registre patriote, avec les « gentils français/américains/britanniques » et les « méchants allemands ». Il arrive à montrer que beaucoup de soldats des deux côtés du front n’étaient là que parce qu’ils n’avaient pas le choix, que c’était les Etats-majors qui voulaient cette guerre, pas eux. Le jeu propose également des scènes où l’on voit des interdits : interdiction de fraterniser avec des soldats du camp adverse, interdiction de contester une décision suicidaire qui envoi tout un régiment servir de chair à canons alors que c’est stratégiquement inutile… Sachez enfin que l’histoire est tirée de lettres retrouvées.

Des éléments historiques

            En collaboration avec la revue Histoire, 14-18 Mission Centenaire et Apocalypse, des éléments historiques ont été intégrés au jeu. D’une part, à chaque lieu, le joueur peut découvrir des images colorisées du documentaire Apocalypse avec un commentaire sur ce qu’a été le lieu durant la Première Guerre mondiale. D’autre part, 119 objets ont été cachés dans le jeu : quand ils sont trouvés, le joueur peut lire une anecdote à propos de ces objets durant la guerre.

            Le jeu est disponible en ligne en pour seulement 15€, il serait bête de passer à côté !

("Sous l'uniforme, les soldats sont soumis à la justice militaire. Afin de sanctionner les cas de désobéissance et de désertion, elle sera à l'origine de 2500 condamnations à mort dont 650 seront réellements appliquées (les condamnés seront fusillés), principalement au début de la guerre. Petit à petit, le pouvoir politique tentera de limiter les exécutions, notamment celles dites "pour l'exemple". Lors des mutineries à la suite de l'offensive du Chemin des Dames, une cinquantaine de soldats seront encore exécutés.")

Et pour cloturer ces éloges d'un jeu que j'ai vraiment apprécié (ça doit se voir dans l'article), voici la scène finale du jeu (à ne pas regarder si vous comptez le faire) :

Je vous reconseille le jeu :

 
Le numéro d'avril était le dernier numéro de l'année de Caractères, reprise dans quelques mois !

En savoir plus

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24/06/2015 10:15

Call of Duty : Les coulisses d'une usine à succès

Call of Duty : Les coulisses d'une usine à succès
Sébastien DELAHAYE
Canard PC, Presse Non-Stop, 2014
80 pages environ

5€01 sur Amazon (e-book)

On connaît tous le refrain depuis plusieurs années : début novembre, un nouvel épisode de la série à succès Call of Duty est publié, tantôt développé par Infinity Ward, tantôt par Treyarch, l'année dernière par Sleghammer Games, engendrant les passions et permettant aux médias d'accuser la série de provoquer de nouveaux meurtriers sanguinaires.

Mais ce que l'on sait moins (surtout si on ne s'intéresse qu'aux jeux en eux-mêmes), c'est tout le business qu'il y a derrière, les procès évités par des accords entre les parties (arrangés, on se doute, par Activision), les conflits internes, l'ego de chacun et les coups de chaud dans la production.

Si à la base l'objectif de Call of Duty était de détrôner Medal of Honor, cette entreprise a réussi justement parce que ce sont ceux qui ont fait le succès de Medal of Honor qui ont créé Call of Duty (débauchés de chez Electronic Arts par Activision, pour simplifier). Premier conflit entre Activision et EA.

Puis, nouveaux conflits par la suite entre Infinity Ward et Activision pour que le studio conserve l'exclusivité du développement des Call of Duty, en particulier face à leurs "rival" Treyarch.

Le summum du conflit est celui qui opposa violemment les deux têtes d'Infinity Ward, Jason West et Vince Zampella, et Activision, ce qui d'une part perturba quelques peu le développement de Modern Warfare 3 (sauvé par l'annulation d'autres jeux par l'éditeur), mais également jetta une mauvaise image sur la franchise (qui ne souffrait pas d'autant de critiques qu'à l'heure actuellement), le linge sale s'étallant dans la presse.

 

Cet e-book nous donne une vue d'ensemble du business Call of Duty, de son démarrage à ses instants les plus glorieux en passant par les crises internes à Activision et aux studios, dans un jeu de pouvoir avec Electronic Arts et d'ego, principalement entre les dirigeants d'Infinity Ward et d'Activision. A la fin de l'ouvrage, il est également possible de trouver dans les sources certains documents cités en "preuves" dans l'e-book (plaintes, échanges de courriels, documents confidentiels). Malgré tout, si cet ouvrage est une synthèse, il ne reste pas constamment totalement neutre. A chacun de se faire son jugement sur le "méchant" de l'affaire.

Le seul défaut qu'on pourrait trouver au livre numérique, c'est le prix que certains jugeront un peu élevé par rapport au nombre de pages.

N'ayez crainte si vous ne vous intéressez pas à la franchise Call of Duty et encore moins au contenu de ses jeux : ce livre est plus le récit d'affaire d'entreprises (et de patrons/employés) cherchant toujours plus de gains que le contenu de jeux qui, finalement, ne sont quasiment pas abordés.

Le livre est disponible sur Amazon en e-book à 5€01.

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